Les langues, c’est classe(s)

La guerre en Ukraine a contraint des millions de personnes à quitter leur pays. Des milliers d’entre elles sont arrivées en Belgique. En l’espace de quelques semaines, les enseignants ont ouvert leurs classes à une population qui ne maitrise pas la langue française, et, de ce fait, ne maitrise pas la langue de scolarisation. Une question se pose dès lors : comment permettre à ses enfants de trouver une place au sein de la classe ?

Cette question n’est pas neuve, il s’agit d’une problématique récurrente qui apparait dès qu’un élève allophone pousse les portes de la classe. Or, dans notre société mondialisée, de plus en plus de diversités culturelles et linguistiques se côtoient au sein d’une même classe. Une richesse incroyable qui est parfois difficile à cueillir pour les enseignants, souvent sous outillés. Une piste pour intégrer les élèves allophones serait de valoriser les langues premières parlées au sein de la classe, de la sorte, chaque enfant se sentirait en sécurité et valorisé.  C’est à partir de ce constat que la FWB a décidé de demander à ses enseignants de proposer de l’éveil aux langues aux élèves, et ce de la première maternelle à la deuxième primaire.  

Christine HélotUn beau programme, mais qui n’est, malheureusement, pas toujours évident de mettre en place. Pour répondre à ce constat, Sandra Hennay et Isabelle Doneux, maitres-assistantes et chargées de cours à Haute École Robert Schuman, ont décidé de proposer un colloque autour du thème «  les langues, c’est classe(s). » Ce colloque se déroulait le vendredi 13 mai 2022 sur le campus du département pédagogique de la HERS à Virton. Les participants ont pu assister aux exposés de Christine Hélot (professeure émérite à l’université de Strasbourg) et de Rudy Watiez (HE Léonard de Vinci) le matin et ensuite prendre part à différents ateliers.

Durant sa conférence, Christine Hélot a réexpliqué tout l’intérêt de l’éveil aux langues, non pas pour que tous les enfants deviennent de parfaits bilingues, mais pour qu’ils se rendent compte de la diversité du monde et qu’ils puissent s’ouvrir à d’autres cultures. « Donner à chacun l’occasion de faire entendre sa voix,  c’est donner l’occasion à l’école de devenir plus juste, plus équitable.  Accueillir la diversité de langues, c’est aussi reconnaitre les compétences linguistiques des enfants qui ne partagent pas la langue de scolarisation. » Compétences linguistiques qui sont malheureusement souvent invisibilisées par l’institution scolaire. Christine Hélot reconnait toute la difficulté de mettre en place l’éveil aux langues, surtout quand l’enseignant ne maitrise pas la totalité des langues parlées au sein de son groupe classe.

Rudy WattiezPour contourner cette difficulté, les relations enseignants-parents sont fondamentales. Rudy  Wattiez quant à lui est intervenu pour parler du document référence d’éveil aux langues. Il a tout d’abord expliqué la genèse du projet ainsi que les implications concrètes avant d’expliquer certaines modalités pratiques. Deux interventions des plus enrichissantes.

A la suite de ces deux conférences, les participants ont pu rejoindre des groupes de travail dans lesquels ils ont pu rencontrer des enseignants qui avaient eux-mêmes mis en place des projets audacieux afin de répondre à cette demande d’éveil aux langues. Des partages d’idées et d’informations pratico-pratiques qui ont permis à tout le monde de rentrer à la maison la tête remplie d’idées.  

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