En cette période troublée, les séjours Erasmus sont toujours en cours. Étudiant en BAC 3 Assistant social, Arnaud Wittamer a suivi un semestre de cours en Suisse. Interview...
Salut Arnaud ! Tu peux te présenter en quelques mots ?
J’adore découvrir de nouveaux endroits, vivre de nouvelles expériences. J’aime le sport, la photographie, la politique et les fêtes entre amis ! Ce qui me manque le plus en ce moment, ce sont les fêtes.
Qu’est-ce qui t’a motivé à partir, Arnaud ?
À 16 ans, j'avais déjà envie de partir quelques mois dans un pays étranger. J’ai commencé mes études d’assistant social, puis on a eu une réunion d'informations sur les projets internationaux à la HERS, et l’opportunité s’est présentée à moi.
Je me suis dit que cette expérience pouvait m’apporter de grands avantages aux niveaux personnel et professionnel, comme rencontrer de nouvelles personnes, acquérir de nouvelles connaissances et des compétences propres à un autre pays.
Je voulais aussi vivre un peu seul, avoir une certaine autonomie.
Quand as-tu commencé tes démarches pour partir ?
J’ai commencé mes recherches durant les vacances de Noël.
Tu as rencontré des difficultés ?
Après la validation de mon dossier, le plus grand défi a été de trouver un logement pour une durée de six mois. Les propriétaires préfèrent signer un contrat d'une durée d'un an. Et puis, j'avais la crainte de ne pas pouvoir partir et réaliser mon Erasmus à cause de la situation sanitaire.
Au sein de l'école suisse, j’ai eu la chance de trouver une étudiante qui partait au Portugal durant la même période que moi en Eramus+, et j’ai donc sous-loué son appartement dans la ville de Verbier, près de Sierre.
Pourquoi la Suisse ?
J’ai fait une liste des pays où on parlait français, étant donné que je ne parlais pas assez bien une seconde langue. Il y avait la France, mais l’enseignement dans le domaine social là-bas n’était pas trop mis en avant. Il y avait aussi le Canada, qui était une bonne idée de destination, un pionnier dans le secteur social. Mais en hiver, il fait fort froid, et le climat m'intéressait peu.
Et puis la Suisse est un pays propre. Les gens sont respectueux, et la discipline est de rigueur. Dans la région où je me trouve, dans le Valais, on parle majoritairement français et un peu le suisse allemand, ce qui est chouette.
Ensuite, j'ai un peu regardé le programme scolaire qui était proposé par la Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale de Sierre, qui a retenu toute mon attention. On pouvait choisir entre différents module (UE) de cours à 15 crédits (ETCS). C'est un module d'approfondissement un peu comme une spécialisation. J’ai choisi celui sur la réinsertion, puisque la Suisse est pionnière dans ce secteur, ce qui est un grand avantage sur un CV en termes de connaissances et de compétences.
C'est comment, la vie en Suisse en ce moment ?
Au départ, les cours étaient 100% en présentiel. Les bars étaient ouverts, ce qui m'a permis de pouvoir rencontrer le conseil étudiant, de passer du temps de manière un peu plus festive. C’est vraiment un bon moyen d'apprendre à connaître d’autres étudiants, de sortir et d’aller vers les autres.
Après un mois et demi de cours, on est passé aux cours à distance, et les cafés ont fermé. Beaucoup d’élèves sont retournés dans leur famille, ce qui au début a été un peu difficile. J’ai pu compter sur deux étudiants d’échange pour pouvoir continuer à voyager dans la région.
C'est très compliqué en ce moment... Parle-nous du système d'études supérieures en Suisse !
En Suisse, les 2 premières années sont communes appelées « travail social », et c'est en dernière année qu’il y a 3 orientations : animation socioculturelle, éducation sociale et service social.
L’horaire type est souvent 9 h - 16 h pour les étudiants en travail social. Le matin, on a la partie plus théorique et l'après-midi, on a des séminaires avec la mise en pratique de la théorie vue en matinée.
Ça permet de faire des liens, d’assimiler en partie la matière en classe ; et moins l’étudier après les cours. Le mercredi est dédié au travail personnel à domicile. On se consacre à différents travaux qui doivent être réalisés.
Qu'as-tu retiré de cette expérience ?
Au point de vue personnel, ça m’a permis de découvrir une nouvelle culture. J'ai aussi pu voir un autre système scolaire, son fonctionnement, ses particularités.
J'ai fait de nouvelles rencontres et je me suis adapté aux nouveautés. Apprendre à vivre de manière autonome est aussi un défi : faire les courses, se faire à manger, les lessives, le ménage, etc.. Et puis, vivre en communauté avec des colocataires, ça peut engendrer des difficultés aussi :).
J’ai découvert une belle région, moi qui adore la photographie… J’ai visité Lausanne, le Lac Léman, son musée des JO, Vionnaz et son folklore, Montreux avec sa digue et ses hôtels, Neuchâtel et son château, son lac, Salgesh et ses balades pédestres le long des vignes, Sion et ses deux châteaux, de mon appartement à Sierre je voyais le lac de Géronde, et j’ai même eu l’occasion d’aller skier à Saas Fee.
Je recommande les spécialités locales ! Fondues, fromages, chocolats, assiette de viande fumée, etc. Mais attention, le coût de la vie est cher, tout comme les transports en commun !
Exemple : un aller simple Sierre – Lausanne coûte 60 chf... Je conseille les billets dégriffés.
Au point de vue professionnel, cette expérience m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances et des compétences se rapportant à un autre pays. Cela m'a permis de comprendre le fonctionnement des institutions sociales en Suisse. Mon choix de module de 15 etcs s’est dirigé vers le secteur de la réinsertion sociale et professionnelle.
J’ai appris l’Histoire du travail social en Suisse. Comment la réinsertion s’est développée dans le temps, la problématique du chômage, etc.
J’ai pu apprendre des techniques de méthodologie d’intervention, mieux connaitre les besoins des publics cibles, leurs contraintes, … Et envisager des pistes d’actions face aux différentes difficultés.
Et enfin, la réalisation d’un Eramus+ est un avantage pour mon CV.
Malgré la covid, heureusement que les deux premiers mois j’ai pu faire les cours en présentiel et faire la connaissance d’autres étudiants avec qui j’ai pu garder contact pendant le confinement.
Super ! Tes plus grands défis ?
S’adapter à la colocation aux habitudes des autres, ne plus faire notre sport en club, on est loin de sa famille, ses amis. Les prises de courant et la monnaie sont différentes, du coup, il faut acheter des adaptateurs et se créer un compte suisse.
L’incertitude de ne pas savoir, vu la situation sanitaire, si on pourra partir ou non.
Les points positifs ?
Il y en a plein : découvrir une nouvelle culture, comprendre le fonctionnement des institutions sociales en Suisse, faire des comparaisons entre les deux pays, les cantons... On peut voir ce qui se fait ailleurs, comme la démocratie semi-directe, qui permet aux citoyens d’aller voter et de décider ou non des lois.
J'y ai appris l’histoire du travail social Suisse, l’implication ou non de l’État dans le côté financier.
Voir un autre système scolaire, son fonctionnement, ses particularités est toujours très intéressant.
J'ai aussi appris à vivre de manière autonome, mais aussi en communauté. Je crois que je suis devenu plus mature et indépendant ! Et j'ai amélioré mes connaissances concernant la réinsertion ! C'est une belle expérience à mettre sur mon CV !
J’ai été accepté pour suivre des cours d’anglais financés par l’HES-SO en plus de mon PAE. Cela m'a permis de voir l’importance des langues dans une région bi-linguistique, touristique.
J'ai adoré voyager, aller en montagne et rencontrer des photographes que je suivais sur Instagram. On peut aussi faire du sport comme le ski, du hockey sur glace, le snowboard, du deltaplane, etc.
Tu recommanderais un séjour Erasmus dans de telles conditions ?
En comparant le positif et le négatif ,on remarque facilement qu’il y a plus de choses à gagner à vivre cette expérience. Et d’ici septembre 2021, on peut espérer que la situation sera différente !
Merci pour ton témoignage et pour tes magnifiques photos, Arnaud !
Merci à vous !
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La formation des assistants sociaux est co-organisée avec l'Henallux.