Éducatrice spécialisée diplômée de la HERS, Claire Ricard a effectué l'an dernier un stage époustouflant au Sénégal. Son témoignage nous fait découvrir un pays et des personnes qui l'ont transformée.
Pour mon stage de 3e année, j'ai eu l'opportunité de partir au Sénégal de janvier à mai 2019, accompagner des adolescents français en séjour de rupture. Je ne connaissais pas l'Afrique, mais cela faisait longtemps que j'avais envie de partir là-bas. Dans le cadre de cette aventure, j'ai rejoint l'association PDSR, qui propose à des jeunes en difficulté sociale des séjours de 4 mois et 10 jours dans la région du Sine Saloum.
Bien que je sois arrivée en plein milieu du séjour, l'intégration dans l'équipe s'est plutôt bien déroulée. Nos différences culturelles m'ont permis d'apprendre énormément des personnes de ce pays. Nos échanges m'ont fait découvrir de nouvelles pratiques mais aussi de m'ouvrir davantage et me remettre en question.
Le seul point négatif est que, parfois, entre éducateurs, nous n'étions pas du tout d'accord sur certains sujets car nos valeurs étaient très différentes, voire opposées. Ce n'était pas toujours simple à gérer mais cela m'a aidé à affirmer mes points de vue et à prendre confiance en moi.
Autrement, le Sine Saloum est une belle région, bien qu'il fasse très chaud à l'intérieur des terres. J'ai eu l'occasion de me promener plusieurs fois en pirogue dans ses nombreux bras de mer, au milieu des palétuviers où s'accrochent des centaines d'huîtres. Pour la première fois de ma vie, j'ai même pêché : je suis allée cueillir des coquillages pour les manger le soir venu. J'ai appris à faire la mousse du thé grâce à la patience des sénégalais. J'ai aussi découvert le café Touba, un mélange de café et d'épices.
Je me suis habituée à prendre la douche au seau (et à l'eau froide bien entendu). Et j'ai essayé les nombreux moyens de transport, de la charrette au taxi de brousse, en passant par la Jakarta (moto faisant office de vélo-taxi dans les villes) et le bus collectif.
Tout au long de mes excursions, j'ai rencontré des sénégalais très sympathiques, représentant bien la Teranga locale (Teranga signifie l'hospitalité en wolof). Les personnes de ce pays portent en eux des valeurs que nous avons malheureusement tendance à délaisser dans nos sociétés occidentales : le partage, la tolérance, la tranquillité, la paix…
J'avais déjà eu l'occasion de partir quatre mois au Québec et je ne regrette en rien d'être repartie pour une nouvelle destination. Ces voyages permettent d'acquérir de l'expérience professionnelle mais également de grandir humainement. Sortis de notre routine, nous devons apprendre à nous débrouiller sans nos repères habituels. Nous sommes confrontés à des situations que nous n'aurions jamais imaginées chez nous. Cela améliore vraiment nos capacités d'adaptation et nous fait prendre confiance en nous. Et même dans les moments où c'est plus dur -et il est vrai que ce n'est pas toujours facile !- il ne faut jamais oublier qu'on en ressortira toujours plus fort. La nostalgie et les doutes font partie du voyage, et quelque part, c'est bien normal aussi…
Je suis heureuse d'avoir pu réaliser ce voyage, qui m'a appris dans tant de domaines. Je me sens enrichie de tous ces instants passés là-bas. Riche de lieux, de rencontres, de sensations, de paysages, de musiques…
Un voyage ne laisse jamais indifférent. Il nous marque inévitablement et nous ne revenons jamais tout à fait identique en rentrant chez nous. Comme le dit si bien Marcel Proust, « Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».
Je voudrais alors remercier toutes les personnes qui ont fait en sorte que ce projet puisse devenir réalité : M. Marcille de PDSR, qui m'a intégré dans son équipe au Sénégal, M. Galliez de la HERS, qui a su nous accompagner dans nos démarches, ainsi que le programme FAME et l'Amicale des anciens de Virton pour m'avoir aidé financièrement.