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« Le CesiLux est un atout pour la profession infirmière, surtout dans une province excentrée »

Inauguré ce lundi 10 février, le nouveau Centre d’excellence en soins infirmiers de la province de Luxembourg (CesiLux) vise à soutenir l’excellence infirmière. « La formation continue des enseignants et des professionnels, la recherche et la création d’une association d’anciens figurent parmi les priorités », avance Jacinthe Dancot.

Jacinthe Dancot, en tant coordinatrice, pouvez-vous nous retracer l’origine du CesiLux ?

J’ai évoqué la première fois la création de ce centre avec Laurence Denis, la Directrice Présidente de la HERS, au printemps 2023. En tant que coordinatrice du bachelier infirmier responsable de soins généraux, je remplissais beaucoup de tâches différentes qui touchaient au développement de la section, à la formation des professeurs, à la participation à des recherches… et mon temps ne suffisait plus. Mais ces tâches étaient pourtant nécessaires à la section et à la profession : cela aurait été dommage d’y renoncer. Je n’avais pas encore en tête une vision complète du projet mais j’avais tout de même une idée de son potentiel. J’avais le sentiment que le CesiLux pourrait constituer un atout non seulement pour la Haute Ecole mais aussi pour la profession dans la province, en mettant en évidence et en faisant vivre le développement professionnel des infirmiers. De plus, mes contacts et mes réseaux pouvaient contribuer à faire fonctionner tout cela.

Ce centre répond-il à un besoin en province de Luxembourg ?

Oui, clairement. Notre province est éloignée des grands centres, dans lesquels il y a davantage de soutien universitaire et non universitaire à la recherche et à la formation continue. Actuellement, lorsqu’un infirmier de la province veut se former, il doit souvent accumuler les kilomètres.

En termes de recherche, beaucoup ne sentent pas outillés et leurs ressources sont limitées. Ces difficultés peuvent donner à penser qu’il n’est pas possible de développer la profession en milieu rural, que les pratiques y restent basées sur l’habitude et que l’idée de développer l’excellence de la profession, comme cela peut exister dans des centres universitaires par exemple, n’y est pas présente – ce qui est peu attractif. Cela me paraissait important de prouver le contraire et de permettre aux infirmiers et enseignants de se développer et d’être légitimement fiers d’eux-mêmes et de leurs pratiques.

Dans un premier temps, quelles seront les priorités du CesiLux ?

J’en ai recensé trois. La première concerne la formation continue des enseignants. Il y a eu une réforme de l’art infirmier, ce qui a eu pour conséquence d’énormes modifications au niveau de la réglementation. De nouvelles fonctions ont été prévues pour les infirmiers, leur « liste d’actes » a été modifiée et la dispensation des soins infirmiers a été réorganisée avec plusieurs intervenants différents (par exemple assistant en soins infirmiers, aidant qualifié…). Ma priorité était de communiquer sur ces changements. Une première formation sur la législation a été organisée fin janvier. Par la suite, elle pourrait être suivie de formations sur d’autres thèmes en fonction des besoins, pour faire évoluer notre enseignement en phase avec les évolutions disciplinaires.

Les projets de recherche sont une autre priorité. Actuellement, ce sont des projets de recherche dans lesquels je suis partie prenante mais, à l’avenir, je souhaiterais également développer des projets de recherche au sein de la HERS ou avec des infirmiers de la province, en accompagnant enseignants et infirmiers dans l’évaluation scientifique et l’amélioration de leurs pratiques, et la communication sur celles-ci. Au sein de la Haute Ecole, il y a des projets que l’on peut accompagner, évaluer et améliorer avec la recherche. Au niveau de la province, je souhaiterais mettre en place un partenariat avec, par exemple, un groupe organisé par Vivalia qui réunit des infirmiers hospitaliers et du domicile pour déterminer des bonnes pratiques ou mettre en place des formations ; j’ai aussi des contacts avec la Fédération des Maisons Médicales.

Enfin, j’aimerais créer un groupe d’alumni en soins infirmiers. L’objectif serait de garder le contact avec ces personnes, histoire de leur proposer des formations continues adaptées à leurs besoins de terrain car on ne peut pas tout connaître en sortant de l’école, et idéalement une conférence annuelle pouvant les intéresser. C’est aussi l’occasion d’obtenir un retour sur l’adéquation de notre programme de formation et de les mobiliser pour témoigner ou partager leur expertise aux étudiants.

A partir de quand avez-vous pris conscience de l’importance de mettre sur pied ce type de centre ?

La réalisation de ma thèse a été un projet de grande ampleur composé de méthodes mixtes, quantitatives et qualitatives : je me sens beaucoup plus outillée qu’auparavant pour accompagner des projets de recherche variés, même si je ne connais pas tout, et pour communiquer sur ceux-ci. J’ai aussi construit, grâce à celle-ci, un réseau privilégié, notamment au sein de l’ULiège. Celle-ci pourrait être partenaire pour soutenir les analyses statistiques ou permettre le soutien de chercheurs pour trianguler des données qualitatives. Dans ma précédente fonction de coordinatrice de la section soins infirmiers, je me suis aussi rendu compte qu’on ne communique pas assez dans le milieu infirmier, on est très humble. Pourtant, de très belles choses sont mises en place sur lesquelles on devrait communiquer pour construire et partager nos savoirs.

 

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