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« Autonomie et discipline sont les maîtres mots de cette bidiplomation »

Directeur de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique à l’ULaval, Pierre Blanchet était de passage début octobre sur le campus d’Arlon afin de promouvoir le double diplôme « ingénieur-maîtrise en génie du bois ». L’occasion d’évoquer les spécificités de ce cursus.

Pierre Blanchet, à quand remonte les premiers contacts entre l’ULaval et la HERS ?

La première rencontre remonte à 2019 lors du salon Woodwize à Québec où j’ai eu l’occasion de croiser Maureen Chamillard. Durant ce voyage d’études, elle a visité notre campus ainsi que les labos. Des futures collaborations possibles ont été mis sur la table comme les stages académiques pour les ingénieurs et pour les bacheliers construction bois par la suite. L’ULaval a accueilli le premier étudiant de la HERS en février 2020 malheureusement cette expérience a été écourtée à cause du Covid.

Si des étudiants sont intéressés par ce programme, quelles démarche faut-il entreprendre ?

Tout démarre par un échange en visio afin d’identifier les motivations de l’étudiant. C’est un élément important à nos yeux. Dans ce type d’accord, la crainte est de rencontrer des étudiants qui viennent avant tout dans l’optique de faire du tourisme. Comme il s’agit d’études supérieures, nous essayons de recruter les meilleurs candidats possibles pour s’assurer une collaboration fructueuse.

Vous évoquez une « collaboration », c’est une des spécificités des études au Canada.

Absolument. Dans notre façon de travailler, l’étudiant intègre une équipe de recherche. Au lieu d’engager des professionnels qui font de la recherche, nous faisons appel aux étudiants. Les entretiens que nous menons en amont doivent nous rassurer sur le fait que l’intégration dans l’équipe sera bonne mais cela reste relatif. Un mauvais candidat à mes yeux pourrait être un bon «élément auprès d’un collègue. Le but est de pouvoir disposer de la meilleure équipe possible.

Au niveau des programme de cours, y a-t-il une certaine complémentarité entre l’ULaval et la HERS ?

Ce que je vais dire peut vous choquer mais ce n’est pas mon intention. Pour nous, la partie « stages » et projets de vos étudiants n’a pas une grosse valeur ajoutée car nous estimons que c’est trop court. Par contre, nous sommes intéressés par le parcours « généraliste » des ingénieurs. Avec leur formation, nous les estimons capables de mener différents projets de recherche. Le programme de cours est construit avec le directeur de la recherche et certaines matières peuvent déjà être créditées en fonction du parcours de l’étudiant. Chez nous, l’étudiant est inscrit à une faculté mais il est vraiment associé à un professeur. C’est complètement différent de ce qu’on peut retrouver dans un parcours « classique ». La question de l’autonomie est peut-être la plus difficile à régler car les étudiants sortent d’un contexte très encadré. Du jour au lendemain, l’étudiant se retrouve dans un tout autre cadre. Autonomine et discipline sont les maîtres mots de cette formation.

Comment cela se caractérise-t-il sur le terrain ?

Nous fonctionnons avec des deadlines pour s’assurer que les choses avancent de façon raisonnable. J’aime toujours utiliser la comparaison suivante. Dans le cadre du diplôme d’ingénieurs, l’étudiant est amené à enchaîner une série de sprints mais dans le cadre de la maitrise ou du doctorat, ils passent en mode marathon. La notion de session n’existe plus. C’est un état d’esprit qui est différent. C’est la plus grosse difficulté à laquelle les étudiants doivent faire face quand ils s’engagent dans ce projet.

Quels types de cours retrouve-t-on dans le programme de maitrise en génie du bois et des matériaux biosourcés ?

On retrouve deux types de cours à savoir les connaissances générales scientifiques comme par exemple, les cours qui permettent de structurer le travail pour réaliser des traitements statistiques cohérents ou des cours de modélisation numérique avancés. Il y également des cours très spécialisés comme des cours en analyse de cycle de vie. Au niveau de la maitrise, nous nous attendons à ce que l’étudiant affiche une compréhension des phénomènes.  l’outil. Nous disposons également d’une offre de cours qui s’appelle sujets spéciaux. C’est en quelque sorte une offre sur mesure qui répond à un besoin de l’étudiant. Par exemple si ce dernier doit approfondir la  programmation en python, nous allons lui mettre à disposition un ou l’autre cours mais aussi des lectures voir une participation à un séminaire. C’est en quelque sorte une personnalisation de la formation.

À cela s’ajoutent des cours sur la spécificité du bois ?

Pour les étudiants qui ne disposent pas d’un diplôme qui est associé au bois, nous leur imposons le cursus « Propriétés du matériau bois ». Ce dernier reprend quatre grands thèmes à savoir les quatre sciences qui vont permettre d’appréhender la notion du bois à savoir un bloc sur l’anatomie du bois, un sur la chimie du bois, un autre sur la physique du bois et un dernier sur la mécanique du bois. Nos propres étudiants ingénieurs suivent 45 heures pour chaque item mais pour les « extérieurs », nous mettons en place une introduction à ses sciences à travers un cours de 45 heures. Si besoin, ils peuvent aussi compter  sur des ressources externes qu’ils peuvent utiliser quand ils en ressentent le besoin.

À l’issue de cette bidiplomation, l’étudiant a la possibilité de postuler sur le marché canadien, ce ne sont pas les opportunités d’emploi qui manquent ?

Québec c’est grand. C’est sept fois le territoire de la France. Nous avons plusieurs entreprises qui sont leaders sur le marché nord-américain. Nous sommes des fournisseurs de matériaux pour les États-Unis et quand l’économie américaine va bien, notre industrie également. Le marché domestique n’est pas suffisant pour absorber toute la production. Nous disposons de grands espaces de forêt que nous exploitons au mieux de façon durable. C’est une richesse naturelle qui est gérée par différentes lois ce qui est loin d’être le cas partout. Les personnes qui ne trouvent pas de boulot dans les secteurs de la transformation et de la construction en bois, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

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